1) Définition de la Fatwa (disposition juridique circonstanciée)
Au sens étymologique :
C’est une réponse à une question. Le sens de linguistique tourne autour de : explication des choses et l’élucidation de la vérité des choses de manière à dissiper toute ambiguïté.
Au sens terminologique :
La fatwa est « le fait d’informer du statut juridique d’une manière non coercitive » Il existe deux sortes de fatwa :
La fatwa explicative (ta’limiyya ou bayaniyya):
Il s’agit d’indiquer la prescription juridique à titre l’enseignement, de rappel ou d’affirmation. Par exemple, poser la question sur le statut de la récitation de la « fatiha » dans la Prière. Le jurisconsulte (faqih) répondra qu’elle est obligatoire en se référant au hadith sur la question.
La fatwa déclarative (incha-iyya):
l’indication du statut juridique concernant un cas nouveau.
2) Statut de la fatwa :
Al-ifta est une obligation collective.
Si d’autres savants compétents sont présents, lé réponse relève alors de l’obligation collective. Mais si aucun n’est présent à part le savant en question, lé réponse devient alors une obligation individuelle.
Si le musulman appartenant au commun des musulmans pose une question sur un cas qui ne s’est pas encore produit, répondre n’est pas une obligation.
Il est interdit de faire preuve de laxisme (tasahoul) dans la fatwa. Il est interdit de demander l’avis de quiconque est connu par ce laxisme. Exemple de laxisme : répondre précipitamment sans réflexion ni analyse, ou encore d’être motivé par de mauvaises raisons qui le poussent à rechercher les astuces légales ou à se référer à des controverses et à des avis marginaux.
Il est interdit au « mufti » d’émettre un avis juridique lorsqu’il se trouve dans un état psychologique qui empêche ou altère le discernement : la colère, la faim, la tristesse, l’exaltation de joie, fatigue, maladie, une envie pressante …
Il est interdit de répondre par : il y une divergence à ce sujet. Ceci n’est pas une réponse. Il doit répondre par ce qu’il pense être l’avis probant.
3) Conditions relatives au mufti :
En plus des conditions scientifiques exposées dans le chapitre consacré l’ijtihad et au moujtahid:
La responsabilité : musulman, pubère, jouissant de ses capacités mentales, fiable, intègre moralement, exempt de ce qui pourrait entacher son honorabilité, perspicace et lucide.
Le scrupule et une bonne religiosité :
4) Conditions relatives au moustafti :
Il doit chercher le savant compétent pour l’interroger. Il ne lui est pas permis d’interroger sous prétexte que la personne s’apparente à la science.
Il est permis d’interroger quiconque est notoirement connu pour ses compétences dans le domaine du ifta.
En présence de plusieurs savants compétents, doit-il s’efforcer à connaître le plus compétent ? Deux avis à ce sujet :
Le premier : Non, il lui appartient d’interroger l’un d’eux, car tous sont compétents. Le deuxième : Oui, il doit le faire.
5) Les normes du ifta :
1- S’assurer que le cas exposé soit réel.
2- Le cas doit être sujet à l’ijtihad
3- Bien saisir le cas : statuer sur un cas découle de la conception de ce dernier.
4- La vérification et la consultation des spécialistes en la matière.
5- Tenir compte des finalités et des conséquences de l’application des prescriptions (ma- aalat al-af’aal)
6) Bienséances de l’ifta :
L’imam Ahmed dit : L’homme ne doit s’adonner à la fatwa à moins qu’il soit doté de cinq qualités :
1- Avoir une bonne intention, car sans intention, aucune lumière ne se verra sur lui ni sur sa parole.
2- Faire preuve d’indulgence, de dignité et de sérénité
3- Il doit maîtriser le sujet.
4- Posséder l’indispensable pour vivre, sinon les gens le marcheront
5- Connaître des gens.
7) Facteurs de changement de la fatwa :
- La fatwa peut changer en fonction du changement :
- du lieu
- du temps
- de l’état
- de l’usage
- des connaissances
- des besoins des gens
- des capacités des gens
- de la généralisation du cas
- de la situation sociale, économique et politique
- de l’opinion et de la pensée.